« J’ai régulièrement de l’herpès au visage. Cette fois-ci j’ai été exposé très longtemps au soleil lors d’une pêche en mer. Ça n’a jamais été aussi gros, il me couvre toute la joue droite. »
Rien de tel pour gâcher des vacances ! Le soleil est en effet l’un des facteurs déclenchant des poussées d’herpès.
Mais on peut vivre pleinement un été au soleil en étant porteur du virus de l’herpès. Il suffit de prendre quelques précautions qui éviteront la gêne, le repli sur soi et qui protégeront également les autres car l’herpès du visage peut se transmettre par contact direct, sur d’autres parties du corps, comme les régions génitales. L’herpès génital est une infection sexuellement transmissible en forte progression dans le monde, et qui constitue une porte ouverte potentielle à l’acquisition du virus du sida.
Puisque l’été est une période propice aux rencontres se protéger et protéger les autres est la règle numéro un pour passer de bonnes vacances. Puisque l’herpès reste encore mal connu, l’Association Herpès propose de suivre ces quelques conseils pour passer un été en toute sérénité.
Sommaire
Quelques conseils : Pour que l’herpès ne gâche pas vos vacances
« … Après une exposition trop prolongée au soleil, je suis sûre que dans les prochains jours je ferai une poussée d’herpès. Les vésicules se concentrent sur la bouche. C’est assez douloureux, très désagréable et ce n’est pas du tout esthétique. »
Quelle que soit la destination de voyage, que les vacances soient placées sous le signe du sport ou de la sieste, pour éviter les coups de soleil et la réapparition du fameux « bouton de fièvre », si douloureux et si disgracieux, il faut impérativement :
- Se protéger du soleil (chapeau, vêtements légers, crème à indice de protection solaire élevé, supérieur ou égal à 30 en UVB mais aussi anti UVA…)
- Utiliser un baume protecteur des lèvres à indice de protection élevé
- Porter des lunettes de soleil quand on est sujet à l’herpès oculaire.
Si l’on fait une poussée d’herpès, il faut toujours se protéger du soleil et démarrer son traitement antiviral le plus rapidement possible.
Toutes les activités sont alors autorisées :
La baignade
La mer, la plage, le sable chaud… On peut profiter de tout même quand on a de l’herpès. Le virus ne peut pas survivre à l’extérieur du corps ou à une température élevée, ni dans le sable, ni dans les embruns.
Avant de partir faire un trekking au Sahara, on peut donc profiter des premiers beaux jours en piquant une tête à la piscine, on peut même se prélasser dans un bain bouillonnant en compagnie de sa collègue de travail qui arbore un bouton de fièvre sur la lèvre supérieure.
Les voyages
Si on profite de ses vacances pour partir très loin, il est important de se rappeler que le décalage horaire est un facteur déclenchant de l’herpès : il faut donc se reposer. Et surtout, il est important de penser à emporter son traitement afin de pouvoir enrayer la crise dès son apparition. Cela permettra de ne pas gâcher ses vacances car les pharmacies du bout du monde n’ont peut-être pas tous les traitements en stock !
Si certains aliments provoquent une allergie locale des lèvres, comme c’est parfois le cas avec du piment, il vaut mieux s’abstenir d’en manger. Toute irritation ou petit traumatisme local peut, en effet, déclencher une poussée d’herpès. Par contre, si l’on ne présente aucune allergie alimentaire, tous les festins sont permis.
Le sport
Rien de tel qu’une randonnée en montagne, une partie de pêche ou de tennis, une plongée dans un lagon pour oublier tout le stress de l’année.
Mais, quand on a une crise d’« herpès gladiatorium » (herpès sur le corps), il vaut mieux éviter les sports qui risquent de mettre en contact les parties du corps atteintes par cet herpès avec la peau du ou des partenaires (judo, lutte, rugby etc), ou si l’on est en période de compétition, bien prendre les précautions nécessaires pour se protéger et éviter de transmettre le virus.
La fête
L’été, c’est la période des mariages, des sorties au restaurant ou en boîte de nuit. Bref, c’est la saison du soleil mais aussi de la fête en famille ou entre amis.
L’alcool et la fatigue peuvent favoriser une poussée d’herpès. Inutile cependant de se priver des folles soirées d’Ibiza : on peut faire la fête jusqu’au bout de la nuit, à condition de se reposer pendant la journée.
Sortir, c’est aussi se faire belle. Mais il n’est pas conseillé de camoufler les vésicules du bouton de fièvre avec du maquillage. La couche de fond de teint enferme le virus dans une sorte de coque imperméable qui favorise sa multiplication. On pourra se maquiller après avoir commencé son traitement antiviral.
Il convient également de s’abstenir de toucher ou de gratter ses vésicules et faire attention aux contacts entre le bouton et la peau ou les muqueuses des personnes de son entourage. Il faut toujours bien se laver les mains si on a touché son bouton pour éviter tout risque d’auto inoculation.
Dans tous les cas, lors d’une poussée d’herpès, il est recommandé de pratiquer des soins d’hygiène avec désinfection locale non irritante et d’utiliser un traitement antiviral spécifique (conseillé par le médecin ou le pharmacien). Ces mesures réduisent la durée de la poussée d’herpès à condition que le traitement soit mis en place dès les premiers signes.
Le saviez-vous ?
Les personnes qui ont de l’herpès se sentent souvent sales, or il est important de rappeler que l’hygiène n’a rien à voir avec l’apparition de l’herpès. Si on recommande une bonne hygiène aux personnes qui font une poussée d’herpès il s’agit uniquement de les aider à prévenir la transmission du virus de l’herpès soit à une autre personne, soit à une autre partie de son corps.
Les rencontres
Bonne nouvelle ! On peut tomber amoureux, même quand on a de l’herpès.
Lors d’une rencontre d’un soir, quelques précautions sont à prendre comme, par exemple, utiliser un préservatif. En cas d’herpès génital, si les vésicules herpétiques ne sont pas couvertes par le préservatif (haut des cuisses, fesses…), il vaut mieux attendre que la crise soit terminée pour passer aux câlins.
Dans le cas d’un bouton de fièvre, il faut éviter les bisous jusqu’à la fin de la crise et éviter également les contacts entre la bouche et le sexe. Il risque d’y avoir transmission du virus aux parties sexuelles : un banal bouton de fièvre peut ; entraîner un herpès génital.
Les enfants aussi ont le droit de faire des rencontres pendant les vacances. Si le petit dernier est porteur du virus de l’herpès, il peut tout à fait profiter du toboggan, se battre avec Raoul ou faire un bisou à Adrienne en dehors des crises. Il faut juste éviter de le mettre en centre aéré ou en club de plage pendant les poussées d’herpès, car il peut contaminer ses petits camarades par simple contact entre son bouton de fièvre et la peau des copains.
Cependant il n’est pas inutile de rappeler que l’herpès d’un enfant n’est pas un motif d’exclusion : il n’a jamais été décrit « d’épidémie » d’herpès facial dans une classe par exemple !
Derniers conseils pratiques, quelle que soit la destination des vacances
- Avoir toujours son traitement à portée de main.
- Prévoir des petites doses de sérum physiologique si l’on porte des lentilles de contact ; il ne faut pas les humecter avec sa salive si l’on se sait atteint d’herpès labial car il y a un risque de contaminer l’œil.
- Rappelons qu’une personne qui souffre d’un herpès est contagieuse, notamment, dès les premiers signes (picotements, brûlures), c’est-à-dire 3 jours avant la crise et le reste jusqu’à ce que la croûte tombe, environ 3 jours après la crise.
- La transpiration ne peut pas transmettre le virus de l’herpès.
- On ne peut pas attraper de l’herpès dans des toilettes publiques car le mode de contamination se fait par contact direct avec les lésions. En outre, le virus de l’herpès ne résiste pas longtemps à l’air libre.
- Attention aux bébés et aux personnes fragiles sur le plan immunitaire, un bisou de la part d’une personne atteinte d’herpès peut être très dangereux.
- En plein air, les causes d’irritation des yeux sont multiples (vent, soleil, sel, poussières…). Si un seul œil est rouge et larmoie, si on a l’impression d’avoir des poussières dans cet œil, il est recommandé de ne pas se soigner seul et de consulter un ophtalmologiste, car l’herpès oculaire peut se présenter sous un aspect très trompeur.
Quelques rappels sur la maladie
Les poussées
Des signes annonciateurs précèdent de quelques jours la sortie du virus. Il s’agit de picotements, de sensations de brûlure ou de douleur. Ils sont suivis par une rougeur, des petites cloques, puis des croûtes. La cicatrisation intervient au bout d’une dizaine de jours.
La contagiosité débute dès les signes annonciateurs – donc avant l’apparition des vésicules – et dure de deux à quatre jours lors des récurrences.
Le risque de transmission est lié à la quantité de virus excrété. Il est maximum au moment des poussées, dans les premières heures de formation des vésicules riches en virus, et décroît ensuite. Mais il existe également dans de moindres proportions, en dehors de ces périodes, à l’occasion d’un épisode d’excrétion asymptomatique (c’est-à-dire sans signe clinique). La durée de la contagiosité dure alors en moyenne 1,5 jours. Au cours d’une primo-infection, la durée de l’excrétion virale est en moyenne de 8 jours mais elle peut atteindre 20 jours.
Les localisations
Sur le visage, les poussées d’herpès sont souvent situées autour des lèvres (bouton de fièvre). Mais le virus peut se localiser à n’importe quel autre endroit du visage : bouche, parfois autour des narines, sur le menton ou sur une joue. Il peut également atteindre l’œil, c’est l’herpès oculaire. Si le virus gagne la gorge, on parle d’angine herpétique ; si c’est l’œsophage, on parle d’œsophagite. Les parties génitales, sexe et anus, peuvent également être contaminées, ainsi que les fesses et les cuisses.
Le reste du corps peut également être atteint par le virus de l’herpès, on parle alors d’herpès gladiatorium. Il se reconnaît notamment par une fièvre élevée ou une perte de poids. Les infections herpétiques de la peau peuvent survenir n’importe où sur le corps (le tronc, les bras, les jambes..).
Le doigt peut être facilement infecté lors du contact avec le bouton de fièvre par exemple. Il devient gonflé et rouge avec parfois peu de vésicules ou de regroupement de vésicules sous forme de bulle. Cela ressemble à un panaris, mais contrairement à un panaris habituel, d’origine bactérienne, il n’existe pas de douleur battante dans le doigt. On appelle parfois cet herpès de la main « panaris herpétique », il touche les bords de l’ongle, parfois la pulpe des doigts, la paume de la main ou le poignet. Certaines professions sont particulièrement exposées à ce type de contamination (dentiste, infirmière, …) mais aussi les enfants par auto-inoculation, lors d’une stomatite herpétique, par succion du pouce.
Lors de la première contamination, la personne a de la fièvre et des ganglions au niveau des aisselles.
Les traitements contre l’herpès
Le traitement antiviral agit en bloquant la réplication du virus et en empêchant sa progression dans l’organisme, mais il ne permet pas d’éradiquer le virus.
Le traitement des crises, dont l’observance est simplifiée par la prise de comprimés, diminue la durée de la poussée et agit sur l’inconfort et les douleurs. Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est pris précocement, au mieux pendant les signes précurseurs.
Il existe également un traitement préventif qui réduit la fréquence des crises d’herpès génital de 75% et de 50 % le risque de transmission du virus (New England Journal of Medicine, janvier 2004). Ce traitement préventif continu apporte une réelle amélioration de la qualité de vie. Il diminue significativement les préoccupations et l’anxiété engendrées par l’herpès.
Ce traitement est notamment prescrit quand on a plus de 6 poussées d’herpès par an. D’autres facteurs doivent être pris en compte dans la prescription d’un traitement en continu, notamment l’impact psychologique de la maladie ou la lenteur de la cicatrisation, mais aussi des cas particuliers comme celui des « professions à risque ». Il s’agit de professionnels qui travaillent auprès d’enfants ou de personnes fragiles sur un plan immunitaire, de dentistes ou infirmières etc.
Article rédigé par les Membres du bureau de l’Association Herpès (aujourd’hui elle n’existe plus).
Pr. MICHELE AYMARD, Virologue – Lyon
Dr. SUSANNE BRAIG, Gynécologue – Annecy
Pr. BRIGITTE DRENO, Dermatologue – Nantes
Dr. JEAN-ELIE MALKIN, Infectiologue – Paris
Dr. ODILE PICARD, Dermatologue – Paris
Dr. FRANÇOISE RAMEL, Dermatologue – Sèvres
Créée en 1998, l’Association Herpès regroupe des professionnels de santé issus des différentes disciplines médicales concernées par la maladie herpétique. Elle informe le grand public et les professionnels de santé et donne des conseils pratiques pour se protéger et mieux vivre la maladie au quotidien. www.#herpes.asso.fr
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